Le château se tenait devant elles
: la plupart de ses murailles s'étaient effondrées et les flammes
léchaient la pierre brulant ainsi la terre et toute forme de vie
environnante. Elles étaient si ardentes, qu'elles faisaient même
fondre la roche, la transformant en magma qui remplissait à présent
les douves et tous les creux provoqués par la destruction. Ce
château possédait jadis plusieurs tours, il n'en avait à présent
plus qu'une à moitié effondrée et prête à tomber à tout moment.
La chaleur était quasiment insoutenable et les flammes dansaient de
partout. On pouvait toutefois apercevoir un sentier à travers ces
flammes, ce dernier passait par la porte principale pour s'engouffrer
dans cet enfer.
Les deux jeunes filles se
regardèrent avec détermination puis Naëlya pris les mains de
Sayria et lui demanda de fermer les yeux. Elles se concentrèrent et
un vent frais commença à souffler autour d'elles, une bulle aqueuse
se mis alors à les envelopper afin de les protéger de la chaleur.
Puis, elles foncèrent le long du chemin serpentant à travers le
brasier où la température était malgré tout très intense. Des
flammes tentèrent de leur barrer la route, comme animées d'une
volonté propre l'une d'entre elle balaya en direction des deux
filles. Dans un réflexe de survie, Naëlya mis ces mains en avant et
fit jaillir une colonne d'eau sur ces tentacules enflammées qui
s'éteignirent aussitôt dégageant ainsi la voie.
Elles coururent ainsi un long
moment dans ce couloir ardent évitant les flammes qui les
attaquaient de part et d'autre, puis elles atteignirent des escaliers
qu'elles gravirent avec prudence car certaines marches commençaient
déjà à fondre. Arrivées en haut, la dernière marche s'écroula
faisant chuter Sayria qui dans un mouvement de panique imita Naëlya
en mettant ses mains en avant, elle fut propulsée en l'air et
atterri sur les fesses juste à côté de son amie. Le feu semblait
avoir doublé en contrebas...
- Je vois... Tu utilise des
pouvoirs élémentaires du vent et de l'air n'est-ce-pas? Dis Naëlya
en se tournant vers Sayria comme si elle venait de comprendre une
chose importante.
- Il semblerait, je ne me souvient
plus vraiment... Mais j'aime le vent oui, j'aime le sentir sur ma
peau, dans mes cheveux, je me sens si proche de lui... Répondit-elle
un peu perdue.
- Comme tu as certainement dû le
remarquer, j'aime l'eau et je l'utilise, je ne fait qu'un avec elle.
Maintenant, je comprends mieux pourquoi j'ai si facilement réussi à
générer de la glace lorsque nous étions dans la cavernes... Il
semblerait que lorsque deux personnes comme nous sont proches l'une
de l'autre, leurs éléments distincts se combinent, leur donnant
ainsi la possibilité d'utiliser de nouveaux pouvoirs... En
l'occurrence nos éléments combinés, l'air frais et l'eau glacée
renforçant le pouvoir de froid donne naissance à la glace... Bref,
ne nous attardons pas car même si nos pouvoirs sont avantagés en
ces lieux, nous pourrions mourir brûlées à tout moment.
- D'accord je comprends mieux à
présent, je vais essayer de travailler sur ces dons... Allons-y,
nous devons sauver ton père!
Naëlya acquiesça et les deux
filles se retournèrent afin de réaliser que la suite du couloir se
situait de l'autre côté d'une mare de roche fondue prête à
dévorer quiconque s'aventurerait en son sein.
La jeune fille de l'eau tendit un
bras en avant et demanda à son amie de lui donner la main.
- Nous devons apprendre à
maitriser ce pouvoir! S'écria-t-elle.
Sayria mis également sont bras à
côté de celui de Naëlya. C'est alors qu'un souffle glacé et
opaque jailli de leurs paumes pour aller geler la mare incandescente
et redonner à la roche son état solide d'origine. Elles se hâtèrent
ensuite de traverser la glace avant que cette dernière ne fonde à
nouveau.
Soudain, elles entendirent du bruit
et un hurlement en haut des marches, un gros fracas s'ensuivit,
faisant s'effondrer le plafond à l'endroit où elles venaient de
traverser. Ceci eu pour effet de faire sursauter les deux filles.
Prise de panique, Naëlya couru en haut des marche en prenant la main
de son amie et en l'entrainant ainsi dans les hauteurs du château.
Elles arrivèrent bientôt dans une
grande salle dont le plafond s'était effondré et avait été
remplacé par un toit de flammes qui bloquait l'accès au ciel et
empêchait la pluie de tomber. Il y avait une multitude de débris
par terre et au bout de la pièce se trouvait un trône sur lequel un
jeune homme était assis et semblait réfléchir. Naëlya porta sont
attention sur un mur qui s'était apparemment effondré sous un choc
violent, un homme était allongé au pied de ce dernier. La jeune
fille couru vers cet homme en criant le nom de son père, Sayria la
suivi de près. Arrivées vers ce pauvre homme, Naëlya s'accroupit
et passa sa main derrière le dos de son père pour le soutenir.
- Ha ma fille, je suis heureux de
te voir saine et sauve... Dit le père de Naëlya d'une faible voix
en rassemblant toutes ses forces. Il regarda les deux jeunes filles
et poursuivit.
- Mé.. Méfiez-vous de cet
homme... Il est très dangereux, sauvez-vous... Vous devez rejoindre
Telieto... Je... Ma fille...
Dans un dernier souffle, il ferma
doucement les yeux et s'en alla, un petit sourire sur son visage. La
jeune fille commença à pleurer mais Sayria se jeta contre elle,
fonçant ainsi toutes deux contre la paroi située non loin, elles
finirent par y prendre appui.
- Mais... Qu'est-ce-que tu...!?
S'exclama Naëlya sous le coup de la surprise.
Une immense gerbe de flammes vint
s'écraser contre le mur effondré là où se trouvait le défunt
père de Naëlya. Puis, le feu se dissipa en ne laissant plus aucune
trace de ce dernier. Les deux femmes regardèrent dans la direction
d'où venaient ces flammes.
- Tssss... Raté. Dit l'homme qui
était installé en pleine réflexion auparavant sur le trône, il
flottait à présent dans les airs au milieu de la pièce.
Elles le regardèrent en détail :
il avait des cheveux mi-long d'un roux flamboyant et ces yeux
brillaient mystérieusement d'un pourpre clair et malfaisant. Il
était vêtu d'un long manteau rouge et ouvert, on pouvait apercevoir
ainsi qu'il portait un pull et un pantalon noir au dessous.
La jeune fille couru dans sa
direction et s'arrêta devant lui, Sayria la suivi comme à son
habitude pour ne pas la laisser seule face à de telles situations.
- Qui es-tu? Que fais-tu ici?
Pourquoi as-tu détruit le village? Pourquoi as-tu tué mes parents!?
Hurla Naëlya à l'intention de cet inconnu.
- De misérable cloportes... Ils
méritent d'être tous détruits... Désobéissants personnages...
Répondit-il d'un air méprisant.
- Ils étaient bons, gagnaient
durement leur vie et payaient leur impôts comme toujours alors
pourquoi?! Rugit Naëlya avec colère.
Voyant cela, son amie posa ses
mains sur ses épaules afin de l'apaiser. L'homme porta son attention
sur Sayria et se mit à rire de façon sinistre. Puis, il lança un
regard haineux à l'attention de cette dernière.
- Mais que vois-je... Voici la
petite Sayria, la Maitresse sera contente... Dit-il sur un ton pour
le moins mystérieux.
- Tu.. Tu me connais? Que sais-tu
de moi? Qui est ta Maitresse? L'interrogea-t-elle, surprise que cet
inconnu connaisse son prénom.
- Trêve de bavardage vermines, je
vais m'occuper personnellement de votre cas. Répondit-il
brutalement.
Dans un mouvement fulgurant,
l'homme enflammé décocha un violent coup de pied brulant à Naëlya
qui tomba par terre dans un petit cri. Sayria, prise de colère, lui
fonça dessus et lui lança une rafale de coups de poing avec une
célérité et une agilité extrême. Cependant, l'homme parait
toutes ses attaques.
Soudain, une colonne d'eau jailli
violemment du sol juste en dessous de l'inconnu qui l'esquiva avec
maestria en faisant un bon en arrière : Naëlya s'était relevée.
Il regardait les deux filles de son regard dédaigneux et terrifiant.
- Ma foi, vous ne vous débrouillez
pas trop mal, je vais devoir passer aux choses sérieuses...
Des ailes enflammées apparurent
derrière son dos et il s'envola pour fondre en piquée sur les deux
femmes. Sayria pris la main de son amie et fit face à leur
ravisseur. Elle ferma les yeux et l'air devant elle devint opaque et
soudain très froid. L'homme s'arrêta dans sa course, interrogé par
ce qui était en train de se passer. Sayria murmura « Taillade
Glacée » et une multitude d'arc d'air tranchants foncèrent
sur leur ennemi, ce dernier en esquiva quelques uns qui allèrent
découper des piliers de pierres pour ensuite les geler. Apeuré par
l'effet de ce sort et sentant qu'il perdait le contrôle, l'homme
paniqua et se pris une lame sur le corps, il eu juste le temps de
s'envelopper de flammes pour ne pas geler, mais il fut ouvert sur
tout le torse.
Naëlya en profita pour lui lancer
une colonne d'eau partant du plafond cette fois-ci, elle s'écrasa
sur l'homme qui s'écroula au sol avec violence. Les deux filles
purent apercevoir avant son évanouissement que ses yeux perdirent
leur teinte pourpre pour devenir marron doré. L'homme gisait devant
elles évanoui.
La jeune fille allait lui porter le
coup de grâce mais Sayria la stoppa, elle dû donc se résigner et
s'effondra dans les bras de cette dernière. Elle se mis ensuite à
pleurer un long moment auprès de son amie qui la consolait.
La température de l'air avait
baissé et les flammes s'étaient mystérieusement évanouies à la
défaite de l'homme laissant ainsi à la pluie la possibilité de
s'infiltrer par le plafond écroulé. Cette dernière était
rafraichissante et apaisante.
Sayria aida son amie à se relever
en la serrant fort et une fois levées, elle fit un grand saut à
travers le plafond grâce au pouvoir du vent. Elles chutèrent ainsi
le long des murailles en sentant le vent qui les caressaient
doucement et l'air sous leurs pieds se densifia doucement pour
alléger leur chute.
- Tu es incroyable, réussir à
utiliser tes pouvoir aussi vite... Nous avons déjà bien voyagé et
ce combat nous a épuisées. De plus, nos habits sont abîmés...
J'ai une petite cabane en bordure de forêt, nous pourrions nous y
reposer et nous changer. Dit Naëlya dont la voix était encore un
peu faible.
- D'accord, allons-y, tu peux
marcher? Répondit son amie soucieuse de l'état de cette dernière.
Naëlya acquiesça et les deux
filles se mirent en route le long du chemin parmi les bâtiments
détruits. Elles arrivèrent bientôt en bordure du petit village,
puis elles montèrent le long d'une colline qui surplombait le
désastre.
La pluie ruisselait et la fumée
commençait à s'en aller. Une petite cabane se trouvait devant elles
sous un grand arbre et une barrière éthérée et bleutée se
trouvait devant l'entrée, Naëlya la dissipa, puis poussa la porte
avec peine. Elles pénétrèrent toutes deux dans la petite cabane
afin de prendre un repos bien mérité.